Et il y a cette grande maison vide. Il y a le bruissonnement
de la famille qui s’active et le silence des pièces. Il y a ce grand escalier,
refuge aux marches de bois, poncé par les passages. Des chambres, il ne
subsiste que l’empreinte des pieds de lit. Il y a les cavités laissées par les
livres sur les étagères. On devine la présence, là, de l’étagère la veille
encore, on distingue les endroits où les cadres ont séjourné. Dans les pièces délaissées
vivent encore des souvenirs un peu jaunis, comme issus d’un album photo. Il
reste encore ici un miroir, là un tapis. Chaque porte entrouverte murmure
quelque chose. Il y règne cette présence qui imbibe chaque nœud du bois, chaque
trace au papier peint, chaque vestige de moquette. Il y a cette main qui
fleurissait le jardin. Il y a cette femme qui a choisi les couleurs aux murs et
les motifs aux rideaux, remplacés par une autre. Il y a ma mère, qui essaie de
pleurer, et la sienne dont l’absence remplit les cartons.