Deux
hommes discutent, ils ont l’air de bons vivants. Une asiatique auburn regarde
la vitre sans la voir, pensive, jette un œil à son téléphone. Un homme âgé en
doudoune orange fluo s’accroche à la barre du métro.
Les gens trimballent de drôles de choses dans le métro. Un tapis de yoga en
mousse, des bouts de plexiglas, une plante en pot, trois boîtes à chaussures
sur une trottinette, une pochette à dessin au format raisin…
A chaque fois que je vois quelqu’un avec une pochette à dessin, je sens une
certaine complicité, l’empathie dans la douleur de traîner son art dans les
couloirs et au-dessus des portillons. Nous sommes des vieux combattants, complices
sans se connaître. J’essaie de croiser leurs regards, de deviner leur école.