29/11/2018


Mais tout le monde s'en branle, de ta bienséance et de ta petite personne bien-pensante ! De ton attitude un peu trop perfectionniste, de ton application maniérée à alimenter instagram, à prendre soin des couleurs et assortiments de tes vêtements. Personne ne veut savoir quelles publications niaises tu as partagées dans ta grande condescendance sur Facebook. Tu ratures à la règle ta petite écriture soignée dans un tintement de boucles d'oreille presque jovial. Tu manges presque vegan, tu milites pour l'environnement et les petits phoques, tu ne jettes rien dans la mauvaise poubelle et tu fréquentes les friperies branchées (elles ne le sont pas à tes yeux, bien évidemment). Ton rouge à lèvre ne s'étale que sur un sourire poli, figé et rigide. Tu te couches tôt et tu es en couple depuis 5 ans avec le même type qui doit déjà s'imaginer père de famille nombreuse avec un labrador. Je ne suis pas toi. Je sue, j'écrase le bitume et les mégots à coups rageurs, je bois et baise jusqu'à plus soif, et encore plus. Je me vautre et je gueule, je me baffre et je pars en vrille. Je déforme tes petites moues de mes griffes en pensée. Je t'en veux d'être bien comme il faut, tout comme il faut, rien que ce qu’il faut. Je veux te voir hurler sans retenue, tes cheveux enfin emmêlés et en bataille contre ce qui te retient de bouger à ta guise. Je te veux décharnée, haletante, lacérée de ton mascara qui a coulé sur la poudre de tes joues. Tu t’accroches à mes pas, ombre désespérément correcte, tu me juges à chaque reflet, chaque vitrine, chaque flaque. J’aimerais cracher dans le miroir lorsque je te vois, réduire en charpie ma façade. Mais je souris et continue ma route. Connasse.


Novembre 2018