04/05/2021

La solitude

Je me suis souvent considérée comme quelqu’un de solitaire. Je passais mes vacances dans la bulle de ma chambre, je n’écrivais pas de lettre ou de sms, je n’invitais personne. (ou presque pas ?) J'allais bien.

Quand j’avais peu d’amis (voire pas), je me suis une carapace de cette solitude, peau de canard, imperméable aux moqueries.  

Marche la tête droite, rien ne peut t'atteindre, mieux vaut seule que mal accompagné non ? Oui, mais il va te falloir une barrière sociale, un groupe avec qui traîner à la récré, même si il est contre moi. J'allais bien !

Ce n'est qu'à parti du lycée que j'ai (re)découvert des personnes gentilles et bienveillantes. J'allais bien ?

La solitude m’a protégée et me rend amer, la solitude m’entoure, me rassure et me met en rage. Je choisis d’être seul, je souffre de me sentir seule. Isolée je mords, je méprise et je juge, seul je respire et je me repose. Je veux être seul, pas laissée seule.

Je n’ai jamais aussi bien vécu qu’entourée de proches à la bonne distance. J’assure mon indépendance, et je suis encore plus heureux de les retrouver.

La solitude c’est créer, regarder des séries, le silence de la nuit, parler à voix haute, prendre soin et prendre mon temps. Aujourd’hui, j’aime la solitude et je ne me sens plus seule.

25/04/2021

La création

Créer pour moi, c’est trouver des solutions. C’est improviser, se laisser guider par l’instinct dans le cadre de ce que je connais, ou pas, pour finir par toujours élargir ce cadre plus très droit. 

Je ne suis pas l’artiste maudit qui fait de sa peine un outil. Je me sens plus créative dans la joie et le calme : c’est un des trucs qui me fait me sentir en vie, alerte, vive, intelligent.

Créer c’est retrouver cette bulle de concentration sur quelque chose de nouveau, de petit, de beau, de qu’importe. Je m’exprime entourée du monde rendu silencieux, dans la chorégraphie des autres qui m'entourent.

Je crée en dessin bien sûr, mais aussi en cuisine, grimaces, blagues, relations, mots… j'ai trouvé des choses inutilisables en design, donc faciles à faire sans enjeux. La création personnelle me sauve et me soulage de la création professionnelle.

Il y a ce grand équilibre qu’on ne cesse de questionner en école d’art, entre productivité et loisir, travail et passion. Je passe parfois des mois sans dessiner « pour moi », et pourtant la création reste là, à distance tranquille.

Et pourtant c’est ce grand vide en moi, ce truc qui me rend un peu inerte et silencieux. Ça fait un an que je ne crée pas comme il faudrait, pas quand il faudrait. Je reste les yeux dans le vide, je n’ai pas envie de chercher. 

Je sais depuis le temps que je ne force plus la création, mais mon travail en souffre. Pourtant j’ai fait bien des choses en un an, j’ai traversé de nombreuses périodes au fil des projets et envies. 

Je suis fatigué de créer, je suis fatiguée de ne rien créer. Je continue de marcher dans l'ambivalence

31/01/2021


Et ce texte, ce texte sur les regards que j'ai perdu
ce texte sur un bout de papier, un soir de migraine, un soir de tisane, un soir de cocon
J'y avais englobé mes affections, mes liens, mes personnes

La feuille se languit, se perd, dépérit ou vole quelque part

Restent pour moi leurs yeux.

19/11/2020

 la pression vrille jusque dans mes dents et résonne dans les nerfs de mes gencives

mes ongles se crispent sur une paume déjà blanchâtre

migraine, encore

01/10/2020

 Que faire de ce cœur toujours trop dur, encore trop mou ?

09/08/2020

L'autre jour je tenais la main d'une fille dans le métro pour la première fois. Elle m'a fait remarquer après coup qu'on nous avait regardées en coin, et que c'était effrayant de se dire que certaines se font agresser, insulter ou tuer pour ça. C'est vrai. Ça fait peur. Mais j'ai pensé à toutes ces fois où j'ai vu des personnes du même genre apparent se tenir la main en public, s'embrasser ou se murmurer à l'oreille. J'ai pensé à toutes les fois où j'ai trouvé ça mignon, où j'ai ressenti des étincelles de joie et de fierté dans la poitrine en les voyant. Et peu m'importent les risques si cette simple main peut faire ressentir ça à un‧e inconnu‧e.

03/07/2020

[sur un papier froissé]

 épidémie de mes sentiments sur la vie

chaque coup sonne creux sur l'armure

le vide côtoie l'activité simple de la routine

et les inconnus à droite

la menthe me trompe d'entête

le sang reste séché dans le plâtre et le mortier 

je porte la marque des frappes

"on" aimerait savoir, mais que ça ne déborde pas trop, merci

la lame de trop sur laquelle je marche

il souffre du démon

cloitrée dans l'alcôve

24/03/2020

Je me laisse distraire par le son des pommes de pin qui s'ouvrent au fond du jardin. Chaque petit bruit sec et résineux éclate un peu comme le bois qui craque dans la cheminée. On dirait que le grand pin s'étire de toute son écorce.

17/02/2020

Les nuances vibrent et m'hypnotisent, le ciel piqueté me fascine. Le bleu ondoie sur son bras.

24/11/2019


Ça s’est fait simplement. Un rien, un instant anodin. En un moment, j’ai vu dans sa main tendue une proposition, un point d’interrogation. J’ai regardé le vide. Comme un rien, presque par automatisme, j’ai posé ma main dans la sienne. En une inspiration, un pas dans le vide.

02/11/2019


Et il y a cette grande maison vide. Il y a le bruissonnement de la famille qui s’active et le silence des pièces. Il y a ce grand escalier, refuge aux marches de bois, poncé par les passages. Des chambres, il ne subsiste que l’empreinte des pieds de lit. Il y a les cavités laissées par les livres sur les étagères. On devine la présence, là, de l’étagère la veille encore, on distingue les endroits où les cadres ont séjourné. Dans les pièces délaissées vivent encore des souvenirs un peu jaunis, comme issus d’un album photo. Il reste encore ici un miroir, là un tapis. Chaque porte entrouverte murmure quelque chose. Il y règne cette présence qui imbibe chaque nœud du bois, chaque trace au papier peint, chaque vestige de moquette. Il y a cette main qui fleurissait le jardin. Il y a cette femme qui a choisi les couleurs aux murs et les motifs aux rideaux, remplacés par une autre. Il y a ma mère, qui essaie de pleurer, et la sienne dont l’absence remplit les cartons.

22/10/2019

Aujourd'hui est un jour blanc.
Blanc d'obligation, d'envie et de planning. Je laisse la lumière diffusée par mes rideaux me réconforter, je laisse la couette m'envelopper, les histoires me bercer. Aujourd'hui est un jour sans tempête ni soleil, un jour pour le soin et le temps à soi.
Je prends un temps laissé sur la partition, j'expire.


Les jours blancs, je reste chez moi.

24/09/2019

on s'abîme sur les fonds
on s'écorche aux rochers
le sel n'a pas assez coulé

06/08/2019

De temps à autres mes pas glissent
Là où les belles pierres lisses
Sur les os s'amassent et languissent.

20/06/2019

Ailleurs

Je m'avance en catimini dans ce lieu qui n'est pas le mien. Tout dévoile en silence un portrait que je ne connaissais pas et qui m'est familier. Les années ont formé des strates de papiers, de livres, de boîtes, de babioles. J'effleure le contenu des tiroirs, je caresse le bureau, mes yeux examinent la bibliothèque sans oser s'y faufiler. Ma curiosité assemble un tout nouveau puzzle dont je ne suis pas sûre d'être digne de confiance : je suis témoin d'une vie, d'un inconnu. J'écoute les objets me révéler des évidences qui ne me sont jamais venues, je me glisse dans ses pas et je revis des souvenirs. Les secrets qui attendent dans ce sanctuaire ne sont pas les miens et pourtant je m'y sens comme chez moi. Je m'enveloppe dans la couverture et contemple les ombres rassurantes de la nuit dans cette chambre.

19/04/2019

"abolis bibelots d'inanités sonores".
merci.
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je sens encore la morsure du soleil dans la nuque.


constellations

18/04/2019

"le silence férocement bruyant d'un coeur qui éclate"
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ça me fait penser au "vacarme insoutenable perdu dans un immense silence."


constellations

17/04/2019

j'ai la tête à ailleurs, loin des papiers, des diplômes et des dossiers. j'ai la tête au vent dans les cheveux, à l'iode aux lèvres et au fracas de la route.
j'ai la tête à d'autres nuages.
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"le bonheur au bout de la piqûre."


constellations

16/04/2019

"on apprend par le jeu", et c'est quand même dommage de devoir titiller les sourires pour intéresser.


constellations

15/04/2019

oups, encore une autre page absorbée par le vide (du week-end plein).
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pensons le blanc plein et le noir infini.


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13/04/2019

je vais regarder le monstre hebdomadaire dans les pupilles, couper deux/trois tentacules et essayer de viser la tête pour une fois


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12/04/2019

la nuit mon corps gondole, se tord et gonfle. la nuit j'enfle et j'ondule sans jamais éclater.
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c'est infernal faut s'enfermer.
c'est infernal faut s'en aller.
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je refuse de voir le cadavre dans l'évier


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11/04/2019

j'explore les "doux mystères et les amers arcanes".
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des yeux qui pétillent et un hoquet de tendresse.


constellations

10/04/2019

une chose à la fois
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la lune, carte de la mélancolie mais aussi la plus lointaine : celle que je peux changer.
douce amertume du non retour.
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contradictions, mal être, pilules.
comme une sensation de déjà-vu.
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certains s'enduisent d'erreur ; je m'ennuie d'horreurs.
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moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moi moimoi moi moi se noie moi moi moi moi


constellations

09/04/2019

chaussures veloutées en pointes, cowboy en costard cravate.
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tennis de randonnée usées, baroudeur tout confort et sa valise.
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patch cousu de skateur niais défait le personnage de l'institutrice qui en a vu passer.
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"ce monde sombre et seul votre cynisme vous permet de flotter"


constellations

08/04/2019

la vie au petit matin avant le retour à l'épreuve, c'est doux et flageolant.
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l'ourlet des lèvres laisse imaginer la bouche rose derrière cette ouverture délicate. sculptées en losange, elles laissent perler deux dents blanches dans l'indigo et le chocolat.
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deux résolutions : dire et changer


constellations

05/04/2019

laisser une page blanche pour les jours vides et continuer de jouer avec les mots et les humeurs.
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d'où vient cette contradiction entre pensées, émotions et actes ? pragmatisme et émoi, solitude et attention, action et paresse...
vide et plein.


constellations

04/04/2019

une écharpe jaune moutarde, un peu de gazon et un soleil timide
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"en France, on a pas de pétrole mais on a des idées !"
j'attends le pétrole.
ça m'arrange bien...
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le bruit numérique se sent, il croustille sous la dent et grésille dans l'écran.
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parfois Enzo relit et n'a pas l'impression de l'avoir écrit.
moi je relis et je vois mon reflet déformé et grandiloquent. je dramatise tout sous les mots et les émotions, ça sonne faux et vrai à la fois.


constellations

03/04/2019

j'attends la chose en moi qui veut sortir. pour le moment, elle reste à l'orée de mes doigts. je suis patiente, elle finira bien par se montrer. je la nourris de gribouillages et d'observation sereine, je sens qu'elle s'agite. je ne fonce pas, je ne la quitte pas des yeux.
j'espère qu'elle m'amènera plus de questions que de réponses.
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un jour, j'essaierai de ne pas parler de moi dans un texte.
maintenant que j'y pense, je l'ai déjà fait un peu en décrivant mon environnement il y a un an, mais pas sur une période très longue, ni en m'investissant beaucoup.
est-ce-que se cacher derrière la troisième personne compte ?


constellations

27/02/2019

Seule avec tous


J’ai choisi de rester seule. Pas que les autres m’irritent comme du papier de verre (quoi que). Mais je ne me ressens pas d’affinité. J’ai essayé, sans doute pas assez, j’ai tenté, sans grande conviction. Il apparaît que je suis partie perdante. Je le reconnais à quiconque veut l’entendre, je suis coupable. C’est moi. Pas eux, c’est ma responsabilité, mon fardeau, ah ça, je l’ai bien cherché. Pendant un temps, j’ai espéré. Et puis je me suis fermée comme une huître. J’ai respiré ailleurs, par goulées avide. Trace ta route, je taille la mienne. J’ai choisi cet étau qui me compresse la poitrine, plutôt que l’hypocrisie et le mensonge. Moi au profit de l’amitié et de l’affection des autres. Nouée à la gorge par mes convictions.
Y’a des fois, j’ai envie de hurler. D’insulter des générations d’humains. D’enfoncer mon poing dans une lutte acharnée, de démolir chaque visage que je croise. Je veux lacérer la chair, mordre jusqu’au muscle, tabasser, cogner, déchirer, piétiner, arracher, qu’on me voie enfin. Je me hais. J’en veux à toutes ces personnes qui m’en veulent, et je m’en veux encore plus fort. Des larmes amères me dévorent les yeux et je les ravale. Je ne veux pas qu’on me remarque. Pas pour ça. Laissez-moi seule.

06/02/2019

Les bruits que j’aime


Le bruissement de la fibre du papier sur la main
Le claquement de la vague contre le rocher
L’agonie sonore de l’escalier en bois
L’accrochage de la plume sur le papier
Le silence de la balade nocturne
L’éclatement soudain d’une bulle d’air
Le chant du vent languissant dans les crevasses
Le flot de mes écouteurs
Le silence d’une rame de métro bloqué
L’étalage buissonnant de l’écume sur le sable
Le silence d’une respiration sereine contre ma joue
Le soulèvement du couvercle en coton qui entourait mes oreilles
Les gémissements de plaisir non contenus
Le léger ronflement du chien heureux
Le silence à ma fenêtre
Le crépitement des braises fondues dans le noir
La vie du livre feuilleté, ouvert, tapoté
Le clapet feutré des étuis à lunettes
Le silence des jours de brouillard
Les pas dans la neige fraîche
Les voix de velours au creux des chuchotements
Les silences

04/01/2019

Tu trouveras ma peine le long d’un ruisseau, comme une petite grotte froide cachée sous la mousse. Comme une bulle de vide dans ma cage thoracique.

29/11/2018


Mais tout le monde s'en branle, de ta bienséance et de ta petite personne bien-pensante ! De ton attitude un peu trop perfectionniste, de ton application maniérée à alimenter instagram, à prendre soin des couleurs et assortiments de tes vêtements. Personne ne veut savoir quelles publications niaises tu as partagées dans ta grande condescendance sur Facebook. Tu ratures à la règle ta petite écriture soignée dans un tintement de boucles d'oreille presque jovial. Tu manges presque vegan, tu milites pour l'environnement et les petits phoques, tu ne jettes rien dans la mauvaise poubelle et tu fréquentes les friperies branchées (elles ne le sont pas à tes yeux, bien évidemment). Ton rouge à lèvre ne s'étale que sur un sourire poli, figé et rigide. Tu te couches tôt et tu es en couple depuis 5 ans avec le même type qui doit déjà s'imaginer père de famille nombreuse avec un labrador. Je ne suis pas toi. Je sue, j'écrase le bitume et les mégots à coups rageurs, je bois et baise jusqu'à plus soif, et encore plus. Je me vautre et je gueule, je me baffre et je pars en vrille. Je déforme tes petites moues de mes griffes en pensée. Je t'en veux d'être bien comme il faut, tout comme il faut, rien que ce qu’il faut. Je veux te voir hurler sans retenue, tes cheveux enfin emmêlés et en bataille contre ce qui te retient de bouger à ta guise. Je te veux décharnée, haletante, lacérée de ton mascara qui a coulé sur la poudre de tes joues. Tu t’accroches à mes pas, ombre désespérément correcte, tu me juges à chaque reflet, chaque vitrine, chaque flaque. J’aimerais cracher dans le miroir lorsque je te vois, réduire en charpie ma façade. Mais je souris et continue ma route. Connasse.


Novembre 2018

28/11/2018


Je te ferai pleurer de douleur crasse, je mangerai ton empathie jusqu’à la moelle, j’irai aspirer à tes rêves et conquérir tes envies. Puis je recommencerai.

Je suis la trace que laissent les larmes de la mer.

La fugacité du marsouin claque à la porte.

Et moi voûtée de ténèbres, je ricane d’horreur.

Vagabonde, volatile, vadrouille.


Octavia est-elle une eau dormante ? Pense-t-elle au coup de cutter qui écharpe la peau, au cri de plaisir qui déchire les immeubles, au porc égorgé à grands gestes de hachoir de supermarché ?

On se braque, on claque, on craque, on s’effiloche à bout de souffle.

Je souille ton espace d’un geste.

J’ai le temps au bout des ongles, je l’écharpe en songe.

J’assagis mon sourire qui se crisse.

Cette chair si chère à ton cœur se tortille sous la langue des flammes.

Une gorgée ou une goulée d’air frais ?

Déceler ensemble les salauds avant d’entrer dans la chair à vif.


Septembre 2018

26/11/2018

Le désir qui vibre, parcouru de la tension sourde du D, allongé par
le zzzz qui dure et durcit le magnétisme prêt à éclater. Lourdeur de l’atmosphère, moite, orage pesant sur les corps. Les regards s’évitent et se cherchent. Les distances s’amoindrissent et les manques se creusent. La langueur s’allonge et s’envole avec le I, devient plus légère jusqu’à finir dans le râle à peine dévoilé du R, un son guttural, élastique, qui s’allonge, pouvant claquer à tout moment, dans la puissance sourde de l’attirance.
Puis enfin le plaisir qui éclate sèchement, soulagement, en une brusque tension et un relâchement. C’est une libération et un abandon de soi, de son envie et de sa volonté pour se complaire dans la mollesse et l’ardeur d’un feu vibrant, dévorant… jusqu’à se laisser mourir.


Mars 2018

Dernière volonté

Ma décision est déjà prise. Je lui accorde un dernier geste, ma dernière faiblesse. Nos deux lèvres s'effleurent à peine, et je sens toute la violence de l'attirance qu'il me reste pour lui. Jamais magnétisme n'a été aussi fort dans ma courte vie.
Tempête intérieure, incendie ravageur, ouragan contradictoire, tremblement intime. Vacarme insoutenable perdu dans un immense silence.
Mon corps crie sa faim dévorante de plus, mon cœur hurle sa déchirure.
La scène se fige et s’enlise, je n’ose pas bouger. Je sens quelques larmes rouler.
Je vais m'effondrer, céder, alors que c'est à ce moment précis qu'il fait résister. C'est si dur.
Je vacille, je titube, je ne veux plus y croire, je veux que tu partes avant de foutre en l'air ma décision. Putain que c'est dur.
Je pourrais dire que c'est un monde qui s'écroule, mais tout ce dont j'ai envie, c'est de t'embrasser, de t'embrasser plus, de t'embraser encore, de me jeter sur toi, de t'aimer encore une fois à pleine dent, de faire comme si de rien n'était et d'ignorer que demain, demain encore, ce sera déjà fini.
Pars, pars avant que je ne le regrette, avant que je commette encore une erreur. Laisse-moi fermer la porte et m'écrouler sans force derrière, je ne veux pas que tu voies ça, laisse-moi paraître fermement résolue… laisse-moi au moins ça… tu me dois bien ça...


Février 2018

J'ai mis de l'or dans mes yeux 
Pour aller au bal 
Et une rivière d'étoiles 
Pour plaire un peu. 

Comment dis-tu à quelqu'un que tu ne sais plus si tu l'aimes sans être le train qu'il prend dans la gueule ou le bâtiment qui s'écroule sur lui ? 

L'or a coulé 
Les étoiles sont cassées 
Je suis dans une mare de poussière.

Je tourne d'un coup sec l'arrivée d'eau, qui gicle et jaillit, brûlante, s'éparpille en rigoles cascadantes sur mon corps, me coupant presque le souffle. Je respire. 

Les marches détrempées par la pluie luisent sous mes pas. 

Tâcher de remarquer la beauté de l'éclaircie au loin, trop loin. S'efforcer de sourire, de trouver une raison, d'oublier l'amertume, de tenir. Vouloir chasser la peine et la rancœur. Ravaler la rage qui me dévore les lèvres. 

Je vois défiler des bouts de panneau, des bouts de brique et de béton, des bouts de ville et des bouts de vie. 

Que trouvez vous de plus aux gens qu'à votre livre ? Vous passez la majeure partie du trajet à les scruter et les décortiquer sous vos lunettes aux montures translucides et vos yeux perçants. C'est pourtant un joli nom, " L'arnaque aux stigmates ".... 

Ce matin, j'ai fait rire une inconnue et pleurer mon amour. 

Il a des lèvres fines et pincées, un menton en pointe arrondie au bout, un visage anguleux et lisse, un cou fin et un corps qui dodeline au rythme du train. Une présence éthérée, qui s'efface et se fond dans le ciel gris clair du matin. Il est encore plus beau les yeux clos et la bouche légèrement entrouverte. 

Arracher, déchirer, et enfoncer ses doigts dans les dernières résistances du tissu, un peu trop rafistolé, un peu trop délavé. Se sentir brutalement à nu, à nouveau fragile, vulnérable. Racler les restes, faire disparaître les traces pour ne laisser qu'un petit bout d'organe bouilli, blanchi à la javel. Un bout de cœur un peu plus faible et un peu plus fort. 

Une bouffée de vent humide assaille ma gorge en sortant de la gare. 

Un fin sourire défigure son visage. La tête penchée, elle regarde ailleurs ; elle sait quelque chose. 

La fumée sort de sa bouche à gros bouillons vaporeux. 

Je titube, je souffle, je m'accroche, je m'étouffe. Je n'ai pas le droit de respirer. 

Les carcasses des feuilles mortes s'accumulent et crissent mollement sous mes pieds.

Notes entre septembre 2017 et novembre 2017

Choses vues d'Italie

L'ombre de mes cheveux volants au vent sur un serpent de bitume.
Le paysage parsemé de petits sapins tout fins et très longs, comme si une main les avait étirés vers le ciel.
L'air chaud qui palpite sur ma main sortant de la voiture en marche.
Les deux petites boîtes aux lettres rouges et le très discret panneau bleu et blanc de l'arrêt de bus marquant l'allée qui mène à la location.
Le bleu de la piscine.
La roche calcaire, a vif, aux arrêtes saillantes et géométriques.
" SIENA "
Les lampadaires aux couleurs des quartiers.
Les foulards autour des épaules, autant d'emblèmes farfelus ; des chenilles, des dauphins, des chèvres, des oliviers, des porc-et pics, des licornes, des escargots, des coquilles st Jacques...
Le silence tendu, le bruissement fébrile d'une place noire de monde, dans l'attente, dans l'entre deux.
Le coup de pistolet déchaînant la ferveur et la fureur.
1 minute, 3 tours, 10 chevaux, 4 chutes, 1 vainqueur.
La sauce secrète des gnocchis de nonna ginni.
Les petits coins de carte postale.
La langue chantante, roulante, aux accents de cliché.
La tournure du marbre, le détail d'une colonne, la main d'une statue et la grâce des fioritures.
Le superbe pavage byzantin noir, blanc et ocre de la cathédrale.
Le plafond enluminé de la libreria, éclatant de couleurs.
Les notes graphiques des chants grégoriens.
Les colonnes rayées reliées au plafond étoilé.
Le crémeux élastique de la glace aux noisettes.
Le vent qui joue dans mes lèvres et avec mes cheveux.
Les grandes tours carrés.
Un peu d'huile d'olive sur une terrasse.
Les chansons des années 80 scandées dans la voiture.
La myriade de collines et de tournants de la campagne toscane.
Une boucherie avec des dégustations d'huile d'olive au son d'ACDC.
Le calme du jardin arrosé de soleil au crépuscule.
Les teintes orangées dont se parent les arbres avec le soleil.
Les collines tapissées de vignes ou d'oliviers.
" FIRENZE "
Un plafond aux décorations en trompe l'œil.
Le pont parsemé de joailliers.
Les grotesques aux plafonds des Médicis.
La très ancienne pharmacie aux salles richement décorées.
La finesse des dorures et la précision des peintures.
La grâce de la Vénus de Boticelli.
La Tribune plus si secrète des Médicis ; marbre, velours, nacre et coquillage...
L'incroyable processus d'esquisse de Da Vinci.


Notes prises en août 2017

Avez vous déjà

Avez vous déjà pensé à frapper quelqu'un ? À laisser vos ongles lui labourer les chairs, à mordre jusqu'au sang, à écraser de toutes vos forces votre poing n'importe où pourvu que vous puissiez sentir la peau, les muscles, les tendons ou les veines bouillonner sous vos phalanges ? Voir cette matière organique, et la tabasser jusqu'à plus soif, et frapper, encore et encore. Pas dans l'idée de laisser une trace ni même de faire souffrir, mais pour le simple but de démolir, de déliter coup par coup un amas de chairs palpitantes. Sentir votre corps tout entier dédié à cette tâche, griffer, mordre, piétiner, cogner, déchirer, arracher, dans le plus grand calme, dans la plus froide lucidité.
Osez me dire que je suis la seule.


Mai 2017 (je crois)
Tout ce que vous lirez en dessous de ce billet date de l'hiver 2017-2018 et est extrait du carnet que je trimbalais dans ma poche, dans l'ordre inversement chronologique.
Bonne lecture.

08/03/2018

Sensation de tourner, de faiblesse, besoin de se sentir fonctionnelle, front chaud, gorge usée, membres lourds, dans une nappe de brouillard sans fin, fatigue mais trop-plein de sommeil, mal, mal, mal, chaud, chaud, chaud, épuisement, gestes mous, sans vie, tremblements, battements dans les veines et le crâne... cette mélasse me lasse

07/03/2018

J'ai mis quelques jours à remarquer la disparition du sac de couchage à Denfert-Rochereau.

16/02/2018

Lunettes de soleil, pendants aux oreilles, petit foulard blanc rentré dans un manteau en feutre brodé avec une broche parée de petits cristaux, mains gantées gris sur un petit sac en cuir posé sagement sur des genoux aux collants assortis, air pincé, lèvres fines et maquillage discret...
Et juste à côté, une étudiante aux yeux incroyablement clairs avec un blouson en cuir de motard élimé au possible, casque avec câble bouclé t baskets argentées.

15/02/2018

Je ne me suis jamais assise seule à la terrasse d'un café pour observer les personnes qui passent ou restent. Pourtant, ça ressemble bien à un truc que je pourrais faire.
Je suis à la table de la boulangerie après mon repas, mais ça ne fait pas pareil. J'ai même pas de papier pour croquer les mangeurs.

06/02/2018

Je ne sais pas pourquoi la neige fascine.
Tout ce blanc, ce "grand manteau froid de Dame Nature"...
Est-ce le silence religieux dans lequel elle s'installe ? La féerie des flocons qui tombent doucement, le monde perdant ses couleurs vives dans le froid ? Peut-être car tout devient uniforme, immaculé, comme figé dans un seul et même délicat mouvement... Je ne sais pas.
Et en ce matin de février, c'est un joli je ne sais pas.

31/01/2018

J'hésite à l'aborder, à faire connaissance, ou à la laisser dans le monde des fantasmes à portée de doigt.
Je joue avec l'idée, je lui donne une jolie forme, je la laisse glisser... comme si elle était trop fragile, trop éthérée pour se matérialiser sans casser comme du cristal.

30/01/2018

J'ai vu deux fois la fille aux cheveux bleus aujourd'hui. Une fois à l'aller (on s'est séparées quand elle partait vers la ligne 4) et une fois au retour (elle prend mon bus !).

Plutôt du genre à se mettre au dernier rang dans le bus, le casque sur les oreilles. Et à entrer dans les premiers, pour que personne n'occupe sa place côté fenêtre (comme je la comprends !)
Elle a un de ces bracelets en tissu qu'on garde des festivals de musique, et des baskets rouge à scratchs pailletés. Elle fume aussi.
Elle regarde de temps en temps le bus, mais surtout par la vitre.

Et elle habite à deux arrêts.

26/01/2018

Il y a deux chaussures usées sur le quai devant un sac de couchage.

25/01/2018

Elle a une main aux longs ongles pointus, vernis et rouge vif, ainsi qu'une grosse compresse blanc éclatant qui ressort sur sa peau noire.
Il a les doigts tassés d'un travailleur, les ongles plats et lisses, coupés à ras sauf celui de l'auriculaire droit.